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Henri Lacoste : le cross en pensant au 800 mètres. Portrait du champion de France cadets en salle

Publié le 26 mars 2013 à 10h50, par Bruno POIRIER
Photo Gilles Bertrand
Photo Gilles Bertrand

Depuis 2001, il ne se passe pas une saison où un coureur de 800 m du Grand Ouest ne fasse parler de lui. Cet hiver, après la troisième place du Lavallois Benjamin Herriau au France Elite, c’est le Rochefortais Henri Lacoste qui s’est illustré en devenant champion de France cadets. Sera-t-il l’héritier de cette lignée du Ponant, dont le prince est actuellement le Gujanais Pierre-Ambroise Bosse ? Le Poitevin est déjà sur la bonne piste…
 

Kevin Hautcoeur (La Roche-sur-Yon), Ismaël Kone (Bordeaux), Benjamin Benech (Le Mans), Benjamin Herriau (Laval), Hugo Moenner (Talence), Paul Renaudie (Bordeaux), Pierre-Ambroise Bosse (Gujan-Mestras)… Henri Lacoste a l’embarras du choix pour trouver un « modèle » dans ce panel de demi-miler du Grand Ouest. D’ailleurs, à la question, il ne réfléchit pas longtemps pour citer Pierre-Ambroise et Paul. Sans oublier : « Hugo, car il a le record de France cadets en salle (1’52’’06) ! » C’était début décembre 2012, à Bordeaux. Depuis, le Talençais est passé junior…

 

Dans cette catégorie d’âge (moins de 18 ans), dominé par Samir Dahmani (1’48’’75) au bilan tous temps cadets, et où l’on retrouve Benjamin Herriau (1’49’’51, 3e), Kevin Hautcoeur (1’50’’33, 6e), Hugo Moenner (1’50’’33, 7e) et Erwan Benech (1’51’’33, 11e) ; Henri est bien loin des performances établies avec son 1’57’’21 de première année cadets. Pas grave, dirons-nous, puisque c’est en junior que Pierre-Ambroise Bosse (1’46’’18, 1er) s’est révélé, afin de s’affirmer en espoirs (1’44’’97, 2e), tout comme Paul Renaudie, d’ailleurs (1’45’’85). Et c’était seulement l’an passé.

 

Alors que la saison hivernale est terminée, Henri « plane » avec son premier titre fédéral sur 800 m, assuré qu’avec ses 1’54’29 en salle, son chrono estival 2012 (1’57’’21)  va perdre quelques secondes. « Entre l’indoor et le plein air, on dit qu’il faut enlever deux secondes. Cela vaut 1’53 », sourit le jeune homme – il aura 17 ans, le 19 octobre prochain. A partir de là, gagner 4 secondes n’a rien de stupéfiant pour un débutant. « Jusqu’à l’année dernière, j’étais d’abord un crossman (12e, cette année à Lignières, ndlr). La piste, j’ai vraiment débuté, l’an passé… »

 

De la course sur route au 800 m…

 

Malgré sept ans de pratiques athlétiques, mixés avec du tennis (30/2), du surf et du skate, Henri est un « enfant »  de l’école d’athlétisme du Rochefort AC. Il y a 18 mois, il faisait encore du « triathlon » en minimes et courait le 1000 m en 2’39’’24. « C’était pas terrible, constate-t-il froidement. Depuis, j’ai grandi… » Et d’ajouter, fièrement : « Je mesure 1,70 m ! J’ai changé d’entraîneur et maintenant, j’ai deux à trois séances par semaine. Avant, c’était qu’une fois… » Nicolas Martin, qui a succédé à Jean-Marie Lagarde, fait donc fructifié l’enseignement préservateur de son prédécesseur.

 

D’habitude, lorsque l’on parle de parcours athlétique avec un jeune de 16 ans, la filière scolaire est souvent l’élément déclencheur d’une carrière. Pour Henri, on revient au « fil » des années 80 : la course sur route. Et c’est une victoire sur bitume qui l’a emmené vers le cross et la piste. « C’est comme cela que j’ai commencé à courir, précise-t-il. J’avais fait du judo et de la natation. Je jouais au tennis et à 9 ans, j’ai fait une course que j’ai gagnée. » Un coureur à pied chez les Lacoste, c’était une première car le sport familial, c’est le tennis.

 

Malgré ce titre de champion de France et l’attrait des médias locaux pour son parcours – même Caroline, sa mère, s’en étonne – Henri garde la tête froide. Et lorsque c’est VO2 qui l’appelle, il se fait un devoir de tout remettre à sa place. « Cet hiver, Hugo (Moenner, 1’50’’33) est passé junior… Laurent Delannoy (1’52’’72) a privilégié le cross et Alexandre Varius (1’55’’11) a fait du 400 m. Pour cet été, ce sera différent. L’an passé, j’avais terminé 9e de la finale des France et cette année, je ne vais pas tout seul à tenter de courir en 1’53… » Thibault Larpin, déjà en 1’53’’09 en salle, ainsi que Lucas Muller, Germain Cassou et Alexis Bosio, pour ne citer que les autres membres du Top 5 cadets de l’hiver, auront cette possibilité. « Un objectif raisonnable », complète Henri, visiblement les deux pieds sur la piste.

 

Un demi-fondeur toutes distances

 

A l’instar d’un Samir Dahmani, Hugo peut courir jusqu’au 3000 m. Mais contrairement au « Prodige de Martigues », le Rochefortais ne veut pas se multiplier. « Comme j’ai fait beaucoup de cross, j’ai du fond, précise-t-il. Mon entraîneur me dit que je pourrais être bon sur 1500 et 3000 m, mais cette année, je vais me consacrer au 800 m. Certainement faire un peu de 1500, toujours pour le foncier, mais je vais surtout commencer la saison estivale par du 200 et du 400 m. Autant pour travailler ma vitesse que pour trouver de l’adversité dans ma région… »

 

Un coureur de « 8 » qui va chercher de la vitesse au contact des sprinteurs « longs », d’aucuns pourraient croire Henri vient de changer de « pointure »… de chapeau. Eh non. Ce n’est pas le style du garçon. « Cet hiver, j’ai battu le record régional du Poitou-Charente du 400  m cadets en salle, annonce le jeune homme. Cela montre la « faiblesse » de notre région. Alors, pour les Interclubs, je vais faire du 400 m. Et puis, j’ai plus le profil d’un coureur de 400/800 que de 800/1500. » Un « profil 4/8 » qui est d’ailleurs le seul qui prévaut pour les « demi-milers » depuis que le Kenyan David Rudisha a battu tout seul, et qui plus est en finale olympique, le record du Monde du 800 m en 1’40’’91 !

 

Henri n’est pas de ce monde. Il ne le sera jamais. Soyons réaliste. Pour preuve, sa « voie » n’est pas que de courbes et de ligne droites. Si pour faire des chronos, il va devoir quitter les stades du Poitou-Charentes pour courir dans les Pays-de-Loire (Carquefou) et en Aquitaine (Bordeaux), le jeune homme va aussi « poursuivre » ses études. Lycéen en 1er S au Lycée Saint-Louis à Pont l’Abbé d’Arnoult, Henri n’a pas choisi la facilité en se projetant pour les années futures. « Ce sera médecine ou kinésithérapie », confie-t-il. D’ici là, il aura certainement démontré qu’il est le digne héritier de cette lignée de coureur de « 8 » que le Grand Ouest s’est découvrir, éduquer et entraîner.


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